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Archive: Planning & Strategy

Jeudi dernier j’ai passé la journée à TEDxTransmedia (@tedxtransmedia) avec quelques broadcasters et producteurs internationaux passionnés par un phénomène qui n’est pas nouveau mais qui prend une importance croissante dans l’entertainment marketing : le transmedia.

Je vous arrête dans votre élan! Qu’est ce que le trans…? Cousin du crossmedia, le transmedia n’est pas une innovation récente, mais un storytelling immersif doublé d’une décentralisation autoriale. Le storytelling transmedia offre la consolidation d’un univers diégétique et transforme ce dernier en oeuvre d’art totale. Là où le crossmedia raconte simplement la même histoire indifféremment du canal, le transmedia offre un vrai puzzle narratif.

Oui, je vous assure que vous y avez déjà goûté, pensez à Walt Disney et ses personnages, ses BD, ses films et ses parcs à thèmes qui sont autant de points d’entrée qui permettent de tisser des liens réels avec les personnages fictifs. A l’instar de la saga Star Wars et sa déclinaison de produits en livres, jeux, figurines, jeux de rôles multipliant les passages entre notre quotidien (surtout celui des fans) et le monde de Darth Vador. D’autres encore: Superman ou Matrix, mais surtout Batman The Dark Knight (2008) avec le site whysoserious.com (qui n’est autre que le site du Joker!) qui a fait triper les fans en chasse d’indices macabres bien avant que le film ne sorte. Cela rappelle aussi les techniques utilisées innocemment pour la promotion du film Blair Witch Project (1999) ou plus récemment Avatar (2009) dont certains spectateurs fascinés par la culture des Na’vi sur Pandora cherchent à revivre l’expérience en étudiant sa langue. Immersion? C’est le moins que l’on puisse dire.

En 2008 lors d’un voyage à New York, un panneau publicitaire m’avait intriguée à Times Square. Une pub pour une compagnie aérienne bien connue et disposant manifestement d’un solide budget média: Oceanic. Déjà entendu parlé? Lorsque je me suis rendue sur le site web indiqué Find815.com, la réalité a rejoint la fiction… La compagnie aérienne de la série LOST et celle de cette publicité ne font qu’un. Inutile de dire que cet élément a alimenté l’intrigue et donné du fil à retordre aux spectateurs/utilisateurs aussi bien online que offline.

En clair… le transmedia?
Parmi les trois éminents spécialistes du transmedia, deux d’entre eux ont fait le déplacement à TEDxTransmedia. L’évolution technologique ces dix dernières années ne va pas sans accélérer l’introduction du transmedia dans quasiment toutes les productions actuelles. En voici les quelques aspects principaux:

Henry Jenkins (@henryjenkins, qui n’était pas présent à TED) a été le premier à définir le terme transmedia en 2003 dans Technology Review.

Transmedia storytelling is storytelling by a number of decentralized authors who share and create content for distribution across multiple forms of media. Transmedia immerses an audience in a story’s universe through a number of dispersed entry points, providing a comprehensive and coordinated experience of a complex story.
Henry Jenkins, Convergence Culture

Steven Dinehart (@stephendinehart), designer et spécialiste du storytelling insiste sur le rôle métamorphosé du public. De passif à actif, le public devient conjointement spectateur, utilisateur et joueur, soit VUP comme le définit Dinehart: viewer/user/player. Ce concept paraît évident en gaming ou pour ceux qui connaissent bien les médias sociaux, mais il est nouveaux pour la télévision. Engager et participer sur ces différentes plateformes est un comportement normal et intégré pour les Millennials (Génération X, nés après 1980 et âgé de 18 à 30 ans).

In a transmedial work the viewer/user/player (VUP) transforms the story via his or her own natural cognitive psychological abilities, and enables the Artwork to surpass medium. It is in transmedial play that the ultimate story agency, and decentralized authorship can be realized. Thus the VUP becomes the true producer of the Artwork. The Artist authored transmedia elements act a story guide for the inherently narratological nature of the human mind (see illustration) to become thought, both conscious and subconscious, in the imagination of the VUP.
Stephen Dinehart

Jeff Gomez (@Jeff_Gomez) ne se présente plus. S’inspirant des nouvelles possibilités d’intertextualité et de la mutliplicité croissante des plateformes de média, il tisse grâce à un solide planning stratégique de riches histoires qui propulsent l’utilisateur dans un monde immersif. Ces productions remarquables offrent de nouveaux flux de revenu. Quelques clients et projets: Halo (Microsoft), Le pirate de Caraïbe (Disney), Avatar, Happiness Factory (Coca-Cola). Jeff Gomez ne se résume pas. Ci-dessous une vidéo qui vous donnera une idée de sa vision.

Coup de coeur
La journée était riche d’une dizaines d’intervenants. Outre Jeff Gomez qui a su tenir son public en haleine, Frédéric Kaplan (@frederickaplan) a su captiver l’assistance avec une démonstration de QB1, l’ordinateur – fruit de ses recherches – avec lequel l’utilisateur interagit uniquement par le mouvement.

Christopher Sandberg (@thecompanyp) Creative Director suédois et CEO de la prolifique The Company P a remporté un Emmy Award en 2008 pour la production transmediale The Truth about Marika. Son maître mot est: “Start with dreams, forget technologies and think about what you convey”.

Enfin Dan Hon (@hondanhon) de Wieden+Kennedy London – que j’ai déjà eu l’occasion d’écouter lors de la récente PSFK Conference London. Partant d’un point de vue très personnel, Dan nous a expliqué que lors de ses études d’avocat, il était avant tout un “geek procrastinateur” (il se définit ainsi). En 2001, il regarde le film A.I. Artificial Intelligence et se met en quête de rencontrer Jeanine Salla créditée au générique dans le team scientifique en tant que Sentiment Machine Therapist. Les êtres artificiels ont-ils une âme? Pas pour l’instant. Mais en contactant Salla, il va découvrir que cette scientifique du futur fait partie d’une vaste opération transmédiale. Plus sur le Mystère A.I.

Jeanine Salla is a fictional character who was created as part of a marketing scheme for the film “Artificial Intelligence”. Jeanine Salla was a name placed in countless clues in film posters, websites, previews, and commercials. Starting from her name, people were drawn into a highly complex interactive “game” that involved websites, phone calls, emails, faxes, and teams of “players” working around the world to solve the clues. IMDb

En quoi le transmedia est-il d’intérêt pour le planning stratégique?
Cela fera l’objet d’un projet billet.

Et encore
Pour voir toutes les photos que j’ai prise lors de l’événement: Sabine’s Flickr
Programme complet des intervenants de TEDxTransmedia Genève 2010

PS. Le billet vous semblera un peu sec. Normal, lors d’une rédaction initiale, j’ai perdu l’ntégralité de mes efforts et du recommencer à zéro.

A go-to source for new ideas, telle est le slogan de PSFK, l’agence de recherche en tendances et innovation basée à New York et fondée par Piers Fawkes. Depuis des années PSFK, est une ressource sans pareille pour les planners. A la mi-septembre, je me suis rendue à Londres avec MC Casal (@mccasal) pour participer à l’édition européenne de leur conférence. Un seul jour certes, mais d’une grande richesse.

L’événement rondement mené par Piers Fawkes – accompagné pour l’occasion de deux PSFK Trends Analyst, Jeff Weiner (@jgweiner) et Kyle Studstill (@kylecameron), était organisé en 4 modules thématiques: Inspired Interactions, Visionary Experiences, Art and Reaction et enfin Connecting a Better World.

Pour la petite histoire, MC Casal et moi-même avions déjà rencontré Kyle IRL cet hiver à New York. Force est de constater que les technologies émergentes permettent de s’intéresser à certaines personnes et profils, de rester en contact et finalement de concrétiser ce lien. Des rencontres tout simplement impossibles en d’autres circonstances. C’est donc avec un très grand plaisir que nous avons eu l’occasion de prolonger la conférence le lendemain autour d’une bière à Bateman St. avec Kyle.

Mais revenons à notre conférence…

A en croire les différents intervenants de cette journée, et cela me semble bien résumer le propos de cette édition: la collaborativité, l’expérience qu’elle génère et le storytelling de certains sont autant d’aspects qui ont traversé toute cette journée inspirante, si ce n’est tout ce week-end londonien.

INSPIRED INTERACTIONS – Le travail de Usman Haque (@uah) s’inspire essentiellement des connections des utilisateurs avec des objets ou des dispositifs, leurs environnements et leurs participations. Haque développe des systèmes participatifs tel que Primal Source, Pachube, Natural Fuse qui impliquent une collaborativité dont le bon fonctionnement et la réussite de l’expérience dépendent de l’engagement responsable des contributeurs.

VISIONARY EXPERIENCES – Dougald Hine (@dougald) de l’agence Space Makers nous a montré comment sont agence a fait renaître une allée marchande à Brixton. Partant du postulat que le marché est non seulement un lieu de transaction, mais avant tout un lieu social de rencontre.

Dougald Hine - How i stopped worrying and learned to love the market
Dougald Hine. Notes de Jason Mesut

ART AND REACTION – Avec son projet Toaster, Thomas Thwaites a démontré qu’un appareil aussi banal et simple que le toaster, composé de 400 pièces, est une somme de techniques industrielles complexes. Construire un toaster à partir de zéro – il a lui-même fondu de la roche pour en extraire le fer – lui a coûté plus de 100’000 £ et près d’une année de recherches pour dénicher les matières et compositions. C’est à vous dégoûter du prix qu’il est vendu dans le magasin du coin.

CONNECTING A BETTER WORLD – Matt Jones (@moleitau) de Berg London est venu en chaussettes (sic) nous parler de nearness avec la multiplication des projets comportant des puces RFID ou encore du site How Big Really, un projet de la BBC, qui permet de prendre conscience de la taille des événements historiques à l’échelle de dimensions qui nous parlent. Quelle surface couvrirait les inondations du Pakistan en Europe? C’est surprenant. Matt Jones nous a aussi entretenu d’un phénomène que nous ne pouvons ignorer: le endless digital now, soit l’atemporalité dans la culture. Que restera-t-il de tout cela? Jones botte en touche et cite Russell Davies:

Par ailleurs, l’équipe de PSFK n’a pas manqué de présenter deux rapports qu’elle a récemment publié et que vous pourrez facilement vous procurer, si cela n’est pas déjà fait: The future of Health et The Future of Retail.


Et encore

Article publié sur cominmag.ch – rubrique com.stratégique, ainsi que dans l’édition papier (septembre 2010)

A revolution doesn’t happen when society adopts new tools,
it happens when society adopts new behaviors.  — Clay Shirky

En quasi 30 ans, les nouvelles technologies ont imposé un changement continu et radical à notre culture : augmentation de la participation (conversation, collaboration…), socialisation (on est très loin de l’image de la geek esseulée du film “Traque sur Internet” avec Sandra Bullock en 1995), fragmentation des médias (multiplication des canaux, points de contact), ubiquité, transparence, facteur ludique, accessibilité au plus grand nombre, toujours “ON”, mobile, géo-localisation (ici et maintenant, le recoupement du virtuel et du local). Cette évolution a influencé le métier de planner et la façon d’envisager notre communication contemporaine.

Né dans le Londres des années 60, – époque où le marketing se pratiquait dans les agences et pas encore au sein des entreprises -, le planning est la discipline de l’application de la connaissance à une problématique. Il fait appel à deux compétence essentielles : la compréhension du consommateur et du marché, mais aussi la capacité à organiser cette connaissance afin de 1) stimuler la création (agence) pour 2) servir les objectifs du client.

En 2010, être planner dans un monde post-digital consiste à réfléchir et à cultiver sa connaissance au quotidien en incluant les technologies émergentes et collaboratives. Il ne s’agit plus de donner une impulsion unique à la communication du client pour créer une campagne, mais d’entrer dans un processus itératif et évolutif: écouter, comprendre, participer, évaluer. En privilégiant le travail sur l’influence plutôt que le contrôle, le dialogue plutôt que le monologue, le post-digital soutient ce que l’utilisateur fait et créé avec les produits et les contenus mis à disposition par la marque. Exit la marque qui impose sa vision au consommateur.

Alors, Strategic Planner ou Digital Planner? Le titre semble bien moins important que la réelle
capacité de réflexion, de mise en perspective et surtout de compréhension des problématiques de la communication moderne, en particulier des problématiques digitales. Certes, les compétences de base du planner n’ont pas changé. C’est un knowledge applicator doublé d’un mercenaire chargé d’explorer et de comprendre la marque, les comportements du consommateur en prenant en considération aussi bien les aspects culturels qu’économiques. La culture. Le mot est lâché! Le moins que l’on puisse attendre d’un planner c’est qu’il soit autant dans le faire que dans le dire, non?

Encore un livre de stratégie et de modélisation? Oui et… non en fait. Celui-ci est un outil de Business Model exclusivement. Il enseigne les techniques d’innovation pratique utilisées par les plus grandes entreprises et marques au monde: Amazon, Lego, Apple, Nespresso et bien d’autres. Un méthodologie éprouvée permettant appréhender, comprendre, concevoir et implémenter les modèles d’affaire innovants.

Oeuvre d’une dizaine d’années de recherche et de la collaboration d’Yves Pigneur (@ypigneur), professeur HEC à Lausanne et d’Alex Osterwalder (@business_design) en crowdsourcing avec prêt de 500 contributeurs, le tout exprimé avec force dans un graphisme clair et stimulant signé par l’atelier graphique The Movement.

Synopsis
Disruptive new business models are emblematic of our generation. Yet they remain poorly understood, even as they transform competitive landscapes across industries. Business Model Generation offers you powerful, simple, tested tools for understanding, designing, reworking, and implementing business models.
Business Model Generation is a practical, inspiring handbook for anyone striving to improve a business model — or craft a new one.

Par ailleurs, Alex Ostwalder a profité de cet événement pour annoncer la sortie en octobre prochain d’une application iPad dédiée, dont voici la présentation des premières ébauches: Business Model Foundry.

Si vous n’étiez pas à l’événement First Rezonance du jeudi 16.09.2010, voici l’introduction (à quelques détails prêts et en version rapide) qu’Alex Ostwalder nous a offert.

Pour en savoir plus

Le site promotionel de l’ouvrage Business Model Generation, avec un PDF preview gratuit de cet ouvrage essentiel. Le blog des deux co-auteurs, à lire absolument: Business Model Alchemist.

A la question “acceptez-vous les notifications push lors de l’installation d’une app sur votre smartphone?” (When downloading a new app do you accept the push notification?) plus de 8 personnes sur 10 déclarent refuser.

Trois possibilités complémentaires pour les utilisateurs:

  • Ne pas être incommodé par des intrusions intempestives de ces services et les musèlent d’emblée. Ainsi l’app Le Monde permet de lire le quotidien sans recevoir des alertes “breaking news”;
  • Protéger sa vie privée: autoriser les services push et parfois la porte ouverte à un service de géolocalisation associé à l’application;
  • Ménager la durée de vie de la batterie de son smartphone: La multiplication de service push est très gourmande en énergie.

Pour le financement de son prochain ouvrage The Bucket Brigade (titre provisoire), Bud Caddell a eu l’excellente idée d’impliquer directement les planners de la planète. Comment? En proposant à qui le veut, de soutenir son projet selon différents plans de financement (et de privilèges pour les mécènes) grâce au site KickStarter. Je me réjouis de contribuer à cette aventure. Comme Bud l’a demandé voici pourquoi je soutiens son projet:

1. L’idée d’élasticité du temps: Les journées n’ont que 24h. Hormis un job à plein temps et des engagements multiples, certains trouvent encore le temps de prendre de la distance pour mieux transmettre leur vision et leur passion sur un sujet précis. C’est un effort considérable. Merci donc à Bud de prendre ce temps, car la qualité de son blog laisse présager un ouvrage exceptionnel.

2. L’idée du mécénat. Rendre les choses possibles par le crowdfunding et aider un planner dont je respecte le travail à réaliser son idée.

3. L’idée de participation. S’associer à un projet collectif contemporain et échanger.

4. L’idée d’expérience. Tirer un enseignement de ce processus et des mécanismes en jeu.

5. L’idée que c’est cool. Ooops, non cool c’est frais, donc ni chaud, ni froid. C’est génial, je me réjouis!

Alors, vous en êtes aussi?